Aujourd’hui, je débute mon article en vous parlant d’art. Plus spécifiquement, de septième art. Connaissez-vous Gaslight ? Ce film basé sur la pièce de théâtre de Patrick Hamilton, publiée en 1938, met en scène un mari fourbe et menteur, qui manipule sa femme en modifiant des éléments de leur environnement, de manière à détériorer sa santé mentale.
Ce scénario dépeint et a donné son nom au Gaslighting ou Décervelage (au Québec). Le gaslighting, c’est, selon la littérature scientifique et médicale, une « manipulation visant à faire douter une personne d’elle-même en ayant recours au mensonge, au déni, à l’omission sélective ou à la déformation de faits, et ce, afin de tirer profit de l’anxiété et de la confusion ainsi générées ». Pour résumer, c’est un détournement cognitif, donc, une violence psychologique.
D’abord assimilé aux contextes conjugaux où des hommes oppresseurs s’en prennent à des femmes alors oppressées, le gaslighting s’est révélé présent dans d’autres sphères et pratiqué sans limite de genre.
Il est désormais reconnu en milieux professionnel, associatif, sportif, spirituel… Bref, partout où une personne malveillante (ou un groupe sectaire, par exemple) cherche à avoir d’avantage de pouvoir. Créer un culte de leur personne passe alors par le fait de faire douter les personnes oppressé(e)s, de leur expérience, de leur crédibilité et, in fine, de leur légitimité. Les manipulateur(rice)s recourent alors à divers outils, souvent rhétoriques, visant à altérer la perception des victimes de leur réalité, pour les manipuler et les silencier.
Leurs victimes sont, selon Christel Petitcollin, « Des personnes humanistes, ouvertes, gentilles qui ne voient pas le mal. Elles aiment aider les autres et fuient les conflits. Or, ces manipulateurs détestent les gens optimistes, doués pour le bonheur et la joie car eux en sont incapables« . En outre, celles et ceux que l’ont pourrait qualifier de « gaslighters », s’en prennent communément à des femmes. On pourrait penser que la prise de ces violences sur ce public, se trouve favorisée , une fois encore, par les résultantes de nos croyances inhibitrices, de notre éducation souvent genrée…
Quelles en sont les conséquences et comment s’en « protéger » ?
Les conséquences de ces violences ne sont pas à prendre à la légère puisque, toujours selon Christel Petitcollin, suivant les situations, le gaslighting peut avoir des répercussions importantes. « Les victimes peuvent développer des symptômes de stress post-traumatiques qui s’aggravent sur la durée. Elles peuvent avoir des troubles du sommeil, de l’alimentation, des angoisses, de la tachycardie, des maux de dos… C’est destructeur pour l’organisme. »
Tout comme pour certains troubles catégorisés (en France) Risques PsychoSociaux, le mal est difficilement décelable de l’extérieur, puisque la victime, se sentant souvent seule, coupable ou honteuse, n’en parle pas. Il est également commun que l’entourage ne s’en aperçoive pas.
Il n’existe pas de solution miracle à ces situations qui conduisent même des psychologues peu formé(e)s à ces contextes, à établir des diagnostics de paranoïa à l’endroit des victimes. Deux issues peuvent cependant nous aider face à ces situations. 🟢 À titre préventif : Parler du gaslighting et sensibiliser aux tactiques des oppresseur(se)s afin de les reconnaître si elles se présentent 🔴 À titre curatif : Couper les liens. « L’agresseur se grise de ses abus qui deviennent une drogue pour lui. Il se sent tout puissant. Cela ne peut aller qu’en s’aggravant. » Christel Petitcollin
Pourquoi je vous en parle…?
Vous vous souvenez de mon précédent article dans lequel je partageais mon expérience du Brown-out… Des années, des mois plus tard, j’ai pu mettre des mots sur les violences hiérarchiques que j’ai subies, initiées et proférées par des femmes… ⚫️ Une de ces violences répond au nom de Gaslighting.
🌸 Je souhaiterais que vous reteniez de cet article, et au-delà, que, bien qu’éprouvantes, ces situations ne sont que momentanées. On peut s’en sortir. Pour ce faire, il est crucial de chercher de l’aide, d’en parler, d’agir, de nous affirmer en tant que nous-même… Nous ne pouvons et ne voulons pas toujours agir sur notre nature profonde… Pour ma part, je suis une femme, une humaniste, une optimiste et je tiens à le demeurer… 🌸 Cependant, nous pouvons et devons faire face à tout acte de malveillance visant ou tendant à faner cette jolie et précieuse fleur au fond de nous.
Je terminerai sur cette citation :
« Vois comme cette petite chandelle répand au loin sa lumière ! Ainsi rayonne une bonne action dans un monde malveillant.” William Shakespeare
🌸 Pour aller plus loin, je vous partage quelques sources. Merci à celles et ceux qui se sont penché(e)s sur ce sujet et qui ont produit ces médias impactants, nous permettant ainsi de nous sentir moins seul(e)s… https://www.doctissimo.fr/psychologie/bien-avec-les-autres/manipulation/gaslighting-manipulation-emotionnelle https://causonsfeminisme.com/2021/06/15/gaslighting/ https://www.psychologue.net/articles/le-gaslighting-le-reconnaitre-et-sen-proteger