Depuis quelques années émergent et croissent à travers le monde des actions initiées par des femmes et des hommes lambdas, inconnu.e.s du grand public et dépourvu.e.s d’étiquettes politiques, syndicales, religieuses… Je suis de ces personnes. Pourquoi ? C’est tout l’objet de cet article.
En premier lieu, attachons-nous à la sémantique des mots.
Dans le langage courant, et puisque nous évoluons dans une société qui verse dans la catégorisation de toute chose… une telle personne est flanquée du titre de militant.e.
Mais qu’est-ce qu’un.e militant.e ? Étymologiquement, ce mot vient du latin militia : service militaire, métier de soldat.

Le militantisme qui en découle (défini par toupie.org) est décrit comme « l’activité, l’attitude d’un militant dans le domaine politique, syndical, associatif… C’est le fait de lutter pour une cause, une idéologie, un parti… »
Retenons de cette définition qu’être militant.e est associé à une idéologie et à une organisation valorisant une idéologie…
Mais alors, comment définir une personne militante non rattachée à ces deux éléments ? Il existe une expression dédiée, non usitée : le militantisme moral. Le militantisme moral est l’activité de militant.e.s basée sur des solidarités autres que celles des organisations ou des idéologies politiques : lutte contre le racisme, causes humanitaires, défense des droits de l’Homme, lutte contre le SIDA, défense de l’environnement, droit des consommateurs, développement durable, etc…
En somme, le/la militant.e moral.e ne serait-il/elle pas simplement un(e) citoyen(ne) ? Vérifions. Qu’est-ce qu’un(e) citoyen(ne) ?

… Quidam, oiseau, olibrius, type, zèbre… Je ne saurais me retrouver dans cette catégorisation.
Pour ma part, je m’investis en conscience, dans des initiatives que je re ressens positives et qui visent à limiter ou à éliminer des effets préjudiciables ou nocifs à la nature qui nous porte, à notre intégrité humaine et aux besoins fondamentaux des générations futures.
C’est dans la revue canadienne « Argument » que j’ai trouvé une réponse plus juste à cet élan humain qui investit notre planète. Dans un article daté de 2010, Danic Parenteau, professeur en philosophie et sciences politiques au Collège militaire royal de Saint-Jean, décrit « un mouvement par lequel tout un chacun, en sa qualité de citoyen(ne) conscientisé.e, est invité à rompre avec l’apathie ambiante afin de prendre part à des initiatives dites «citoyennes». » : le citoyennisme.
Selon lui, « Derrière ce néologisme, (…) le citoyennisme repose sur la conviction profonde entretenue par chacun.e qu’interpelle ce nouvel activisme, que toute personne, en sa qualité de simple citoyen, possède un certain pouvoir d’influence au sein de la société, c’est-à-dire qu’elle peut, à sa façon et suivant ses aptitudes et ses expériences, contribuer à mettre en place dans son entourage des solutions aux problèmes auxquels nous sommes collectivement confronté.e.s. Car, en définitive, chaque geste compte, chaque initiative peut faire la différence, aussi modeste soit-elle. Tous peuvent «faire leur part», chacun doit «faire sa part». Aussi, le/la citoyen(ne) militant(e) est-il celui ou celle qui s’«implique», s’engage, participe, bref, qui se mobilise. «Devenez leader de votre communauté» est son slogan. «Soyez “proactif”» est son mot d’ordre. »

Le citoyennisme s’étend dans autant de domaines qu’il existe de « militant.e.s moraux ». Ouvrez l’oeil ! Elles/ils veillent et s’investissent dans le bon fonctionnement de l’établissement scolaire de votre votre enfant; elles et ils renaturent nos plages impactées par l’érosion marine; ce sont ces personnes qui s’emploient dans les luttes contre les pesticides; elles et ils s’engagent contre la faim en collectant et en distribuant des denrées alimentaires ou s’emploient à l’insertion et à la facilitation quotidienne des personnes en situation de handicap…
Je suis donc citoyenniste. C’est une autre manière de manifester de l’amour aux sien(ne)s, c’est faire don de soi… Et, semble-t-il, je m’inscris dans une lignée infinie de femmes et d’hommes, qui se lèvent et agissent pour le vivre ensemble, pour le bien commun, pour la préservation des intérêts collectifs.
Préserver le vivre ensemble, le bien commun, les intérêts collectifs… Ne serait-ce pas là le sens noble de la politique…?
En 2001, l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE) dont la mission est de « promouvoir les politiques qui amélioreront le bien-être économique et social partout dans le monde », préconisait à ses pays membres, « la mise en place et le renforcement de structures administratives effectives, efficaces, transparentes et responsables vis-à-vis des citoyens », en ces termes : « L’ accès à l’information, la consultation et la participation active du public dans la prise de décision contribue à la bonne gouvernance en favorisant une plus grande transparence dans la prise de décision; une responsabilisation accrue de par le contrôle du citoyen ou d’organes de surveillance; une plus forte légitimité du processus de décision; une meilleure qualité des décisions politiques s’appuyant sur un éventail d’informations plus variées ; enfin, une mise en oeuvre et une exécution des politiques publiques facilitées grâce à la sensibilisation et à la participation du public à l’élaboration des politiques.
La note de synthèse y relative s’intitule : « Impliquer les citoyens : l’information, la consultation et la participation du public dans le processus de prise de décision ».
En somme, dans notre environnement volatile et incertain, le/la citoyenniste est un(e) acteur(rice) indispensable de la vie publique. Elles et ils prennent la place qui leur revient de plein droit… Paraphrasant ainsi Akassimandou Akassimandou (CEO de Simkoolswiss, Président de Ong-amor et Associé-gérant Kls-consulting) : « Ne pas être acteur de sa vie, c’est être figurant dans le film d’autrui. »
Pour aller plus loin, je vous invite à lire ces articles : http://www.revueargument.ca/article/2010-10-01/504-le-citoyennisme-ou-le-militantisme-integral.html https://ecosociete.org/savoirs/savoir-militer https://www.implications-philosophiques.org/art-militant-art-engage-art-de-propagande-un-meme-combat/ http://juspoliticum.com/article/Le-citoyen-militant-1432.html https://www.cnrtl.fr/lexicographie/militantisme